Production du cola : Des innovations pour promouvoir le fruit et la conservation
Ce projet, en partenariat avec l’Association professionnelle des producteurs et exportateurs de cola de Côte d’Ivoire (Appexco-Ci), a permis d’obtenir des semences qui peuvent couvrir 21 hectares. « Cela été une très bonne opération, car les paysans qui voulaient cultiver la cola ont eu non seulement des pépinières de bonne qualité et à haut rendement à portée de main, mais ils ont aussi bénéficié de l’encadrement technique », soutient Fondio Dramane, Pca de ladite structure.
Cette expérience qui a véritablement poussé les producteurs à développer cette culture s’est également étendue à Diapleu ( Danané) avec 20 hectares, San Pedro ( 8 hectares), Sikensi (3 hectares) et Tinikossokora ( Odienné) avec un hectare. Cependant, ces champs semenciers ont connu quelques difficultés avec la crise postélectorale de 2011. Ce qui fait qu’aujourd’hui , les paysans sont obligés de se rendre à Divo où le Cnra continue de leur procurer les pépinières de variétés améliorées de cola.
Par ailleurs, les techniciens de ce centre ont mis à la disposition des producteurs des informations sur les techniques pour les assister dans les activités de production de la cola de la plantation à la conservation en passant par la récolte.« On ne travaille plus au hasard, on sait à quelle période mener telle ou telle activité dans nos champs », révèle un paysan. Ces conseils et assistance portent sur le matériel végétal, les soins et l’entretien des plants, le choix du site à planter, le dispositif et la densité de la plantation, le fertilisation, la protection de la culture, la récolte, les activités post récolte, l’écabossage , le dépulpage et enfin la conservation du produit.
L’autre innovation de taille concerne surtout la conservation de la production de cola. En effet, comme la plupart des produits périssables, les producteurs éprouvent d’énormes difficultés pour conserver sur une longue période. Faut-il le rappeler, la cola ne supporte pas la forte chaleur.
Selon les spécialistes, la noix aime l’humidité, mais il ne faudrait pas qu’elle soit gorgée d’eau. Si ces dispositions ne sont pas respectées, le taux de moisissure augmente. Ce qui fait que de la récolte à la conservation, on note une importante quantité de rebus de cola presque inutilisable. Pour résoudre cette question, l’Association nationale des professionnelles de la filière cola de Côte d’Ivoire et le Centre de recherche de l’université Nangui Abogoua d’Abidjan viennent de lancer une expérimentation sur la conservation de cette noix après la récolte.
Une salle du siège de cette organisation basée à Anyama abrite cette expérimentation financée par le Firca. Il s’agit, selon les chercheurs, de mettre sur le marché des produits conformes aux normes indiquées par les services qualité des ministères techniques. Dans cette salle, on a pu noter 2 types de températures : à savoir la température ambiante (25 à 30 degrés pour le District d’Abidjan) et la température conditionnée inférieure à 20 degrés Celsius. L’hypothèse consiste à trouver la température qui conviendrait mieux pour conserver le produit. Le matériel d’emballage faisait aussi partie des variables aléatoires. A ce niveau, les chercheurs ont utilisé les sachets en plastique, les sacs à filet, les barquettes en plastique ou en carton, les paniers avec des feuilles de « tomatocorusdanielli », communément appelées, feuilles d’attiéké dont l’avantage est d’apporter l’humidité à la noix de cola pendant tout le processus de conservation.
Les résultats de cette recherche lancée depuis 8 mois seront bientôt disponibles. Les résultats de ces recherches permettront aux opérateurs économiques promouvoir la vente de la noix de cola dans les supermarchés afin qu’elle soit accessible à toutes les couches de la société.
Place dans l’économie ivoirienne
Les noix de cola sont d’une assez importance économique dans les échanges entre les pays de forêt et la zone sahélienne. Le commerce en est uniquement assuré par le négoce traditionnel, sans aucune intervention de l’Etat à l’inverse des productions de café, cacao, etc. Il n’y a pas de prix garanti au producteur. En période d’abondance, en particulier à la récolte, les prix baissent sensiblement alors que, hors des périodes de récolte, ils augmentent. Ce phénomène est d’autant plus accusé que la noix de cola devient une denrée fragile dont la conservation est inconnue.
Le marché à l’exportation vers les pays développés se limite à des accords ponctuels entre négociants africains et utilisateurs européens ou Nord-américains, généralement sur des quantités de quelques milliers de tonnes. On ne peut guère espérer en accroissement des exportations vers les pays industrialisés car le principal débouché est l’extraction de la caféine.
Or, cet alcaloïde est essentiellement obtenu à partir de café. Contrairement au café et surtout au cacao, il y a très peu d’espoir que les marchés de la cola se développent fortement. La consommation de la noix de cola, bien qu’en augmentation, ne concerne que quelques dizaines de millions de personnes alors que le cacao est consommé par des centaines de millions de gens à travers le monde et il reste encore des marchés très importants à conquérir.
Cependant la production de cola est encore loin de satisfaire la demande. Pour cette raison, il est possible d’envisager une extension de cette spéculation, en complément des activités principales du café et/ou du cacao, qui constituent les principales ressources de l’exploitation agricole en zone forestière.
Côte d’Ivoire est le premier pays exportateur avec 35 000 tonnes par an. La production nationale oscille entre 50 000 à 75 000 tonnes par an. En 1995, nous avions une production de 74 700 tonnes de noix. Au niveau de l’exportation, on note 20 300 tonnes et 54 400 tonnes destinées à la consommation locale. Mais les recettes d’exportation provenant de la cola ont connu une forte baisse depuis 1986 puisqu’elles sont passées de 3,2 milliards de F CFA en 1991 à 515 millions en 1995.
Les acteurs de la filière cola sont uniquement constitués de petits producteurs, d’acheteurs ambulants et grossistes et d’exportateurs (AFRECO). L’organisation au niveau de la filière est encore informelle.
ALFRED KOUAME
CORRESPONDANT